Les premières pages
« Le ciel s'habille d'or pur
»
Le ciel, dans le fond de mes yeux
Le ciel, dans le fond de mes yeux
Voyage sur les heures limpides
Se mariant aux plis d'oiseaux
Posés à la pointe extrême de mes cils.
La porte des étoiles s'ouvre et se ferme
En clignement de paupières effarouchées
Entre la cambrure des sourcils
Et la transparence de l'iris.
Le ciel, dans le fond de mes yeux
Pleure les rires et les écueils
Que la marée enroule de flux en reflux
Sur les rives roses de mes joues.
La pupille n'a pas d'âge
Elle change de paysage et d'humeur
La nuit éteint les scintillements d'infinitude
Lorsque l'œil se terre entre rêve et sommeil.
Le ciel, dans le fond de mes yeux
Habille le jardin de l'espérance
De la lueur éclatante de promesses
D'une vie qui s'écoule entre désir et attente.
D'aventure en aventure
Mon regard avance sur les amandes mûres
Jusqu'au seuil du tourbillon attendri
Par la caresse limpide des lointaines terres.
Le ciel, dans le fond de mes yeux
Écrira l'heure qui naît dans les silences bleus
Lorsque l'aveugle ira puiser
Au tréfonds de ma rétine
Mon dernier sourire et mes derniers nuages.
***
Nouvel essor
Un nouvel essor éclaircit l'horizon
Et sur l'arête des cimes
La présence du ciel ébruite sa floraison
Révèle l'éclat d'éphèbe de l'aube.
Mon pas s'égosille sur les pierres du chemin
S'émeut des souches d'arbres nouées au temps
Comme ces serpents abandonnant leur mue
En brisant leurs entraves pantelantes d'usure.
Je peux à présent déposer mon pied
Sur l'espace purifié des nuages
En soulevant le ciel jusqu'à la source claire
Des rosées matinales qui lavent les ombres.
Debout face à l'immensité transparente
Je me fraye un passage pour aller vers moi-même
Pour écouter la voix permanente et bleutée
S'allongeant sur la lande à l'encolure de brume.
Les pierres s'enroulent sous la menthe poivrée
Le sillon de fraîcheur épure la terre
Froisse ma peau d'âme mûrie à cœur
Pour éclore au règne éclatant de l'amour.
J'apprivoise le vent aux naseaux indociles
Qui se désaltère au courant d'écume vaporeuse.
J'implore la musique de l'onde libérée
Par l'heure ronde et lustrée d'enfance.
Un nouvel essor étire l'inépuisable rêve
Qui trace sur mes reins les racines femelles
Couvant la parole composée par l'être souverain
Et je flotte sur ce bain de ciel aux flots étincelants.
Bruissements soyeux des écorces blondes
Se balançant au rythme des heures éblouies
Par la poussière d'étoiles flottant dans l'air
Je moissonne l'existence écarlate du jour.
Extraits du recueil Le ciel, dans le fond de mes yeux
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