Les premières pages
«Viens enlacer les mots de mon cœur, chaque voyelle, chaque consonne te
parleront de nos Saisons d'aimer...»
Saisons d’aimer
Laisser mûrir les fruits savoureux du silence
Pour broder les festons de la parole offerte.
Parcourir les chemins où germe la semence
Du verbe répandu devant la porte ouverte.
Etancher notre soif d’amour et d’horizon,
Irriguer l'espace, l'abondante moisson.
Absoudre l’invisible au rythme des secrets
Pour dérouler le chant du présent aux aguets.
Regarder le printemps déplier les aurores,
Dans son foisonnement de bourgeons à venir.
Cueillir le ciel d’été teinté de souvenirs
Et absorber la vie et sa lumière d’or.
S’endormir à l’automne en tapissant de brume
La trace de nos pas que la terre parfume.
Engourdir les hivers sous les flocons de neige,
En couvrant les années de leur blanc florilège.
Chercher au firmament l'astre du paradis,
Propager l’infini de notre floraison.
Offrir des mots d’amour à nos cœurs attendris
En s’enivrant du miel d’une nuit d’abandon.
Récolter dans nos mains la pomme d’Hespéride,
Compter les jours heureux sur des éphémérides,
Capturer un sourire, un visage éclairé
Par l’éclat du regard envoyant un baiser.
Délivrer nos matins enchaînés aux toujours,
Devenir une rose aux pétales velours,
Suspendre l'univers aux branches empesées
Par ces bourgeons éclos en nos saisons d’aimer.
***
Qui suis-je ?
Qui suis-je à cette heure précise
Suis-je une douce convoitise
Suis-je le fil des mots écrits
Au calme profond de la nuit ?
Est-ce que ma plume défait
La révolte et les cris de peur
Que mon âme dicte en un trait
Sur le livre de mes terreurs ?
Suis-je un point ou une virgule
Suis-je l’encrier, le buvard
Qui apostrophent chaque bulle
Superposée par le hasard ?
Suis-je syllabe découpée
Par le métronome des rimes
Suis-je la consonance ultime
De chaque sonnet accordé ?
Suis-je le vent de mes quatrains
La douce portée d’un refrain
Qui me parent de l’essentiel
De perles d’eau, de pluie du
ciel ?
Suis-je tout simplement poème
Un beau couplet, un anathème
Suis-je une lettre, une voyelle
Dans l’alphabet perpétuel ?
Suis-je le passé composé
Aux conjugaisons de la vie
Suis-je le verbe indéfini
Dans chaque phrase rassemblée ?
Suis-je toujours ce doux mystère
Portant le monde dans ses mains
Suis-je un mot sans vocabulaire
Un billet sur papier Vélin ?
… Et si j’étais ce sentiment
Qui conduit l’âme sur le temps
De cette ivresse recherchée
Et qu’on appelle juste… Aimer…
Extraits du recueil Saisons d'aimer
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